J’ai découvert récemment (très récemment?) le BDSM. Je me suis posée mille questions et je me pose encore, en particulier sur ce qu’est la domination. Je m’explique: je ne fais pas références aux images d’Epinal de la domina, je ne m’y retrouve pas et ça m’est bien égal.
Ce qui m’intrigue le plus, c’est la domination en elle-même, au-delà de tout folklore (qui peut être un terrain de symboles excitants).
Ma première expérience BDSM fut en tant que soumise et j’ai immédiatement été fascinée par la posture de mon partenaire. Je n’avais jamais vécu de relation d’une telle intensité, voir un autre activer tour à tour les leviers inconnus de mon corps et me guider vers les plus perverses de mes révélations. Très rapidement, le désir de passer à l’autre extrémité de la laisse est devenu impérieux et je l’ai expérimenté. Révolution totale.
Lorsque je domine un partenaire, je cherche à reproduire ce geste qui m’avait fascinée lors de ma première expérience: chercher à activer tous les leviers dans le corps de l’autre. Ma question est donc: est-ce que je domine réellement? Dans les faits, j’ordonne, je punis, je récompense, j’exige. Mais je me fonde nécessairement sur l’univers érotique de mes partenaires. Je ne sais pas si je pars de mes désirs, j’ai l’impression que je construis à partir de ce que le corps et l’esprit de l’autre m’offrent.
Ayant peu d’expérience, chaque séquence est presque une découverte et je puise presque toutes mes inspirations dans ce que mes partenaires peuvent me révéler. Je déplie un fantasme chez eux en le nourrissant de ce qui me plaît.
Récemment j’en suis arrivée à la conclusion que je suis une dominante soumise (je réponds aux besoins que je sens chez l’autre). Je ne suis pas la mère Thérèsa du BDSM non plus. Mais j’ai besoin d’aller chercher les zones « chaudes », les situations où le corps de l’autre vibre, pour éprouver désir et plaisir.
Ainsi, je ne me perçois pas comme la dominante qui « sait ce qu’elle veut », qui ordonne et reçoit de l’autre ce qu’elle exige.
Deux hypothèses:
- je suis une wannabe dominante qui se découvre et se cherche. Et c’est trop cool car la découverte est excitante et stimulante.
- je ne suis pas dominante et je ne suis pas soumise. Je suis un truc étrange à la frontière.
Si de bonnes âmes ne sont pas rebutées par mon blabla, je suis preneuse de vos lumières.
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#1
Bonjour DomaineDesMurmures
Je cite :
"Ma question est donc: est-ce que je domine réellement? Dans les faits, j’ordonne, je punis, je récompense, j’exige. Mais je me fonde nécessairement sur l’univers érotique de mes partenaires. Je ne sais pas si je pars de mes désirs, j’ai l’impression que je construis à partir de ce que le corps et l’esprit de l’autre m’offrent."
Ce questionnement appelle plusieurs réponses.
C'est un noeud... carrefour de plusieurs " états, visions ou perceptions relationnelle en Soi à travers l'Autre.
On peut dominer sans le réel besoin d'un retour... Jeu de passe passe, d'une exigence déjà acquise.
Retour de bâton quotidien d'une société, toutes "couches" sociales confondue là aussi déjà rompue à l'exercice ...
Dans le cadre du B.D.S.M : Dominer c'est l'écoute d'un Autre à travers Soi, besoins, envies, éveillez un désir qui c'est fait "Nous" Un instant où le commun rejoint le magique... L'exaltation d'un exutoire... ou l'inverse d'ailleurs, peut-être... L'exutoire d'une exaltation...
(Là je suis en réédition en train de me relire, et j'ai là aussi déjà retouché le texte.... Sans toucher le fond... Pour la forme... Merci pour le like de Lady Hydre)
On reprend.
De fait, peu importe la posture, que l'on soit le dominer ou le dominant, on est soumis à réaliser dans le partage un instant qui nous offre ce que nous désirons...
La Maitrise dans tout cela ?
Un autre débat où switch les séquences entre chaud et froid...
Cordialement.
PS : j'ai pas retouché la pirouette finale
ou presque...
Dernière modification le 09/05/2021 00:16:39 par - Paradoxal -.
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#2
Qu'est ce que je m'exprime mal...
Décidément, le forum c'est plus pour moi
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Bonjour, DomainedesMurmures
Avant de mettre mon "grain de sel" dans cette discussion, j'ai été regarder votre profil.
Et ce que vous dites de vous et de votre vision du BDSM laisse à penser que vous avez déjà tout compris : "une relation à l’autre qui passe par une connaissance de l’autre".
Je ne suis ni domina ni même switch, mais c'est ce que je ressens lorsque je "m'offre" à mon Maître.
Etre à lui pour devenir "son" terrain de jeu, le laisser libre de décider de la manière dont il "m'utilisera", mais en sachant que, dans sa décision, interviendront à la fois ses désirs, les miens, son plaisir et le mien dans une interaction permanente.
Donc, ne vous posez pas la question de la case dans laquelle vous devez vous ranger.
Continuez d'être ce que vous êtes :smile:
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Bonjour Paradoxal,
Très belle formule:
« on est soumis à réaliser dans le partage un instant qui nous offre ce que nous désirons...
Et jolie réponse à mon bla-bla
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Tindalos
#5
Dominer, se soumettre, c'est un échange entre deux personnes. C'est normal de vouloir rechercher à satisfaire son ou sa partenaire, c'est un peu le paradoxe auquel nous devons tous nous confronter, comment te faire ce que tu as envie de ne pas avoir envie, sans te faire ce que tu n'as pas envie d'avoir envie (j'en rajoute un peu) ?
Comme on dit souvent, il n'y a pas de bons, de mauvais, il y a la bonne ou la mauvaise personne.
Je dirais que la domination/soumission va d'avantage s'intéresser au "pourquoi ?" (pourquoi je te fais ça, pourquoi tu subis ça) plutôt qu'au "comment ?" (quelles pratiques nous abordons ensemble).
On peut aussi se questionner à l'inverse, mais quelle genre de personne suis-je pour avoir envie de faire ça à une autre personne ? On peut se faire des nœuds au cerveau, et puis à un moment, on se rend compte que tout ça, on s'en fout un peu. On est entre adultes consentants, on se fait plaisir, où est le mal ? Il n'y a pas de haute autorité du BDSM chargée de valider votre façon de faire et vos envies, et, mise à part quelques pisse-froids, personne ne viendra vous contester votre statut de domina parce que vous allez faire une 'tite branlette à votre soumis (je caricature).
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#6
DomaineDesMurmures
Merci pour votre effort à bien vouloir comprendre mon alignement de mots...
Le Forum est un lieu parfait pour developper une pensée...
Souvent entre ce que je pense et l'entonnoir que sont mes mains ou ma bouche pour restituer tout ce que j'aimerais dire et à la cadence où je voudrais les partager sont pour moi une grande source de frustration...
Mais comme vous pouvez le constater encore à l'instant même, je me soigne... Une question de recherche de Maitrise en Soi.
Belle journée à vous
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#7
Pour répondre a votre question, ma définition perso de la domination.
Dominer, c'est prendre et garder le contrôle.
Alors, il y a tout un tas de subtilité pour que les choses se passent de manières saines, agréable, pour le plaisir de chacun etc...
Mais si vous gardez le contrôle, que vous choisissez quels leviers activer aujourd'hui, sur quels autres vous appuyer demain, et que vous aimez ça, c'est de la domination.
Le style, les attentes, les envies, c'est de l'ordre du personnel, nous sommes tous différents, parfois même d'un jour à l'autre (je peux être très tendre ce soir, ne me préoccupant que du plaisir de ma soumise ce soir et un impitoyable salaud demain, en sachant qu'elle prendra plaisir aux deux situations, et d'autant plus qu'elle ne saura pas forcément en début de séance comment cela va se finir).
Que vous preniez en compte les attentes et envies de votre partenaire par plaisir de lui faire plaisir ou plus prosaïquement comme une récompense ou même juste pour assurer le bien être de votre jouet, ça n'a pas d'importance, l'important est de faire les choses bien, et donc de garder le contrôle, et là, vous dominez.
Attention, quand je parle de contrôle... Il y a la personne en face, il y a soi même, il y a la situation et le contexte.... C'est un tout, qui fait de vous ce que vous êtes.
Ce qui ne m'empêche absolument pas d'être d'accord avec Paradoxal ou Tindalos 😁
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Bonjour FemmeFemelleEsclave,
Merci beaucoup pour votre réponse.
J’aime beaucoup ce que vous dites sur ce que vous ressentez quand vous vous « offrez », c’est à la fois beau et très juste.
Je demande à mon fichu cerveau de me laisser en paix un peu alors 😉
Dernière modification le 30/04/2021 16:39:12 par DomaineDesMurmures.
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Bonjour Tindalos,
Je me retrouve tout à fait dans ce que vous dites sur le pourquoi. C’est bien moins la pratique qui m’intrigue que ce qu’elle fait naître en nous et pourquoi cela nous fait vibrer.
La pratique reste un moyen et un moyen qui donne beaucoup de plaisir mais je ne la vois pas comme une fin.
Après, je ne vais pas dire que je pratique un BDSM éthéré où les corps ne se touchent pas. Besoin de la chair dans les plaisirs de la chair.
Merci beaucoup de rassurer mon manque de légitimité dans le domaine de la domination.
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Paradoxal,
Je connais tout à fait cette impression. Quand les mots et les idées se bousculent mais que les moyens pour les communiquer sont très lents.
Les doigts ne tapent jamais assez vite sur les touchent, les mots ne sortent jamais assez vite ou assez ordonnés.
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Bonjour Oneiros,
Merci pour votre réponse.
Si je vous dis que « j’adore prendre le contrôle », je pense que je ne surprendrai personne.
Dans votre idée de contrôle, il y a, il me semble, il forme d’attention portée à l’autre qui me plaît beaucoup. Surtout quand vous expliquez pouvoir être tout à fait différent avec votre partenaire tout en continuant à répondre à vos envies partagées.
Et effectivement, l’idée de contrôle dépasse l’idée de se contrôler soi ou autrui, c’est rester maître de la situation et même quand les situations peuvent devenir cocasses.
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Derek
#12
La domination c'est empoigner et incarner les pulsions qui nous habitent et jouer avec de façon consciente. L'artefact de domination c'est l'écrasante pressions des énergies du corps qui confinent la bestialité au contrôle.
Dans cette définition, la soumission donnera péniblement mais pleinement une libération totale et la domination une irrégularité tenace de toute puissance.
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Merci à tous pour vos réponses.
C’est plaisant, stimulant et rassurant de vous lire.
Je me promène depuis peu sur ce site et je découvre, avec joie, de belles personnes.
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#14
DomaineDesMurmures.
Dominer est un état naturel que même la soumission apporte. S'y soumettre s'est s'attacher à la maîtriser.
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Tindalos
#15
Après, je ne vais pas dire que je pratique un BDSM éthéré où les corps ne se touchent pas. Besoin de la chair dans les plaisirs de la chair.
De même, il faut que ca sente la sueur, le stupre et les larmes...
Merci beaucoup de rassurer mon manque de légitimité dans le domaine de la domination.
Vous ne devez pas vous sentir manquer de légitimité. Voyez ça comme être membre de l'équipe locale de votre sport préféré. Vous n'aurez jamais le niveau des champions du monde, ça n'empêche pas de prendre du plaisir à pratiquer.
Vous trouverez toujours des plus durs, des plus hards, des plus expérimentés... L'important, c'est le plaisir que vous en retirez, le reste, c'est du folklore...
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#16
Une forme d'attention portée a l'autre?
Dans une certaine mesure, je demanderais... Si le peintre accorde de l'attention à sa toile... Si le chanteur accorde de l'attention à sa voix ou le joueur sur sa console...
Il y a cette forme de concentration extrême dans laquelle je ne vois plus que la soumise et ce que je fais, comment, pourquoi, qu'elles réaction... Le monde disparaît, et pourrait bien brûler, mon attention toute entière n'est dirigée que vers elle.
😁😁
Parce que je ne crois pas qu'on puisse réellement dominer sans passion, et que comme pour tout le reste, cette passion doit rester sous contrôle pour ne pas nous faire perdre le fil de ce que l'on fait, des risques, etc...
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Salomé
#17
DDM, je crois que le plus important est le plaisir que vous prenez ENSEMBLE. Vous êtes soumise au plaisir que vous voyez chez l'autre. Cela ne veut pas dire que vous êtes soumise à l'autre. Vous faites les choses dans le partage. Et en cela, je dirais que vous avez tout compris au bdsm 😉
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softail
#18
Je ne suis pas certain de vous rassurer, mais après une quinzaine d'années à errer dans ce monde BDSM, des 2 côtés du manche, moultes sont les questions restant sans réponses. Comme vous je ne vois pourquoi je me priverais de la moitié des plaisirs, pourquoi je devrais choisir fromage ou dessert. Trop gourmand pour ça. C'est un début d'explication peut-être pour accepter le fait de ne pas rentrer dans les belles cases toutes prêtes et si rassurantes. Pas protocolaire pour un sou, choquant parfois (souvent ^^) les puristes, je ne cherche pas à ressembler. Pas plus qu'à expliquer. Je suis mon chemin, mes envies, parfois reproduisant des schéma vécus, souvent en découvrant d'autres. Pour moi tout est question de partenaire et comme vous, je m'adapte, y compris en mode dominant. Une aberration aux yeux de certain(e)s. Pas pour moi même si j'ai conscience d'être en dehors des codes: le BDSM est pour moi une question de plaisirs, donnés et reçus. Alors hors de question de se forcer certes, mais être à l'écoute de l'autre, y compris des désirs et envies de la soumise n'est pas un gros mot. Pour peu que cela colle aussi à mes plaisirs. Tout cela pour en venir là: trouver la(le) bonne partenaire, celle qui partage vos goûts, vos trips, vos délires. Et là comme par magie tout coule de source. Les questions, les doutes s'évanouissent pour couler vers une évidence.
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Merci pour ces derniers partages auxquels je réponds tardivement (pour certains).
Oneiros,
Je vous retrouve bien sur la concentration extrême, l’idée d’être comme complètement absorbé par l’Autre. Vous avez raison, que la terre brûle, la passion qui nous amine dans ces instants est bien plus intense.
Tindalos,
Effectivement, l’esprit de compet’, c’est pas pour moi 😉
Salomé (prénom ou pseudo magnifique),
Votre phrase:
«  Vous êtes soumise au plaisir que vous voyez chez l'autre. »
est magnifique et me résume bien.
Esclaveàvospieds,
Effectivement, pas d’esprit de revanche chez moi.
Mais comme vous le percevez, je suis très attachée à la dimension esthétique de la soumission. Chercher de la beauté tout le temps et partout et dans tout. Un être qui se soumet dans sa vulnérabilité provoque chez moi une émotion esthétique très intense.
Softail,
Vous avez raison: ne jamais choisir entre fromage et dessert! Profiter des deux!
Je ne suis pas dans la quête du partenaire idéal parce que j’aime les pluriels (ne jamais arrêter d’imaginer des possibles). Mais peut-être qu’un jour le goût de l’exclusif me prendra 😉
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